Un article dans la revue « Sciences et Avenir » d’Avril 2006
Inspiré d’un roman de Stephen King, cette série TV, qui met en scène un homme souffrant d’intuitions prémonitoires, est un petit bijou du genre.
Tous ceux qui possèdent un pouvoir extrasensoriel vous le diront : ça n’a pas simplifié leur vie. C’est pourtant le truc dont on a tous rêvé une fois. Participer à une loterie en sachant exactement quels numéros vont sortir ! John Smith, lui, le vit tous les jours. Suite à un grave accident de voiture, il fait six ans de coma. A son réveil, il souffre d’intuitions prémonitoires. Il est capable, bien malgré lui, de voir l’avenir très proche. Et même, parfois, de visualiser un passé plus ancien, avec une précision diabolique, supérieure à celle d’un réalisateur de cinéma. Un simple contact physique avec une personne, une poignée de main par exemple, lui ouvre ce gouffre paranormal. Les médecins expliquent que son cerveau, pour se remettre à fonctionner, a dû contourner la blessure, faire appel à des aires généralement inusitées ou mortes.
Dead Zone est inspiré du roman de Stephen King. On se souvient du film, peu convaincant, que John Carpenter en avait tiré. La série télé est autrement réussie. A la façon dont certaines séries américaines sont aujourd’hui produites, la psychologie des personnages est fouillée, complexe, la distribution pertinente, les comédiens bien dirigés, le scénario malin, riche, travaillé, et l’image superbe. Le niveau d’ambition est plus proche du grand écran que du petit. L’investissement sur l’ambition paye, les scores d’audience sont là (2,2 millions de spectateurs lors de la diffusion en France). Alors que la saison 1 arrive chez nous en DVD, les Américains tournent la sixième.
Seul travers : le « syndrome Roger Gicquel » (rappelez-vous, Coluche disait de lui : « Quand un avion s’écrase, on a l’impression que c’est sur ses pompes »), dont l’archétype est aujourd’hui la série 24 Heures : c’est la faiblesse classique de ce type de scénario. Il arrive à notre héros toutes les misères du monde, concentrées en quelques instants. Un enchaînement incroyable d’événements, à côté duquel votre vie ressemble à un encéphalogramme plat. Dommage que les scénaristes ne parviennent à nous tenir en haleine qu’avec ces excès. La vie est-elle donc si peu subtile ? C’est pourtant quand le scénario s’aventure dans les éléments les plus quotidiens qu’il est convaincant. Regardez l’étonnant 5° épisode, l’Illusion, où l’environnement du héros, interprété par l’excellent Anthony Michael Hall, glisse dans le bizarre. Vertigineux et délicieux. Pas besoin d’en rajouter.